La momie de Nesyamon exposée à l'intérieur de
son sarcophage dans l'ancien musée de Roanne situé dans l’hôtel de Ville, vers
1900 – ©Ville de Roanne
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En 1893, Joseph Déchelette est en voyage en Italie, en Égypte et en Palestine, à la fois pour des intérêts industriels familiaux et pour sa culture. Il visite de nombreux sites, rencontre les dirigeants des musées d’archéologie, se fait introduire sur les chantiers de fouilles.
En Égypte, les hommes du XIXe siècle ont parfaitement compris que les restes de leur passé pharaonique intéressent l’Europe et peuvent se vendre, parfois fort cher. Des ventes s’organisent dans tout le pays, secrètes ou bien officielles. Le musée du Caire possède ainsi une salle des ventes pour acheter des souvenirs plus vrais que nature. Des momies ou des statuettes au lieu de cartes postales.
C’est là que Joseph Déchelette, muni de lettres de recommandations de ses confrères, achète sur ses deniers personnels, et pour une somme qu’il qualifie lui-même de raisonnable, une momie humaine, son sarcophage et son matériel funéraire.
La momie de Nesyamon le suit ensuite dans le reste de son voyage, en Palestine d’abord, puis en Syrie, avant d’embarquer avec lui une dernière fois à destination de Marseille et enfin de remonter jusqu'à Roanne. Long voyage pour cette momie, morte et embaumée presque 3000 ans auparavant, mais à l’époque, la présence d’une momie égyptienne sur un paquebot n’avait rien d’étonnant. D'autres érudits européens ou américains en ramenaient chez eux. Joseph Déchelette aurait même argué de son titre de conservateur du musée de Roanne pour couper aux contrôles de douane.
De retour, Joseph Déchelette installe Nesyamon dans le musée, alors situé dans l’hôtel de ville, le 30 avril 1893. Dès lors, le musée ne désemplit plus… Les visiteurs viennent effectivement beaucoup plus pour la momie que pour les vases gaulois. Mais qu’importe : Joseph Déchelette a réussi ce qui reste aujourd’hui un très bel acte de marketing.
Trés intéressant, les momies reprennent vie!!!
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