C’est un grand jour, aujourd’hui, pour Nesyamon. Tandis que tout est terminé pour les trois autres momies, qui attendent dans leur caisse d’être mises en vitrine, la momie de Roanne a droit à un traitement particulier, qui commence ce matin.
Depuis son arrivée en France, en 1893, Nesyamon pose souci
car des bandelettes se décollent. Celles-ci ont été maintenues par des moyens
variés : de la colle, des clous, des épingles, voire d’autres bandelettes
rajoutées sur les siennes pour les maintenir.
Tous ces corps étrangers ont été bien sûr enlevés, pour
retrouver l’aspect original de la momie et aussi pour limiter des problèmes de
rouille et de corrosion. Ils ont été éventuellement remplacé par des piques en
inox, qui ne se dégraderont jamais (voir article « toilettage et séance
d’acupuncture pour Nesyamon »).
Mais le clou de la restauration était encore à venir.
Aujourd’hui, Véronique de Burhen, restauratrice tissus de l’Atelier de
restauration du musée des Tissus de Lyon est arrivée de bonne heure au musée
Déchelette car un gros travail l’attend. Elle entoure Nesyamon dans un voile de
soie très fin, une crêpeline, qui a été teinte à sa couleur. Cette soie est
ensuite plaquée le plus près possible de la momie, puis cousue à point très
fin, de manière à devenir pratiquement invisible.
Véronique de Burhen coud uniquement la soie, elle ne touche pas à la momie. Ainsi, la crêpeline de soie vient retenir comme une housse invisible les bandelettes, mais ne constitue pas d’intervention sur la momie elle-même. Ce type de pratique, dit non intrusive, sont les fers de lance de la restauration du patrimoine, aujourd’hui, en garantissant à l’ensemble patrimonial un état inchangé avant et après la restauration.
Un travail long et minutieux, qui constitue le quotidien de
Véronique de Burhen. Les restaurateurs en textile, en effet, interviennent sur
des objets très variés mais toujours extrêmement fragiles. Par exemple, les fragments de tissus archéologiques,
les somptueux vêtements de cour des siècles passés, les vêtements d’opéras ou
de théâtre mais aussi les uniformes des dernières guerres, les drapeaux
historiques et parfois, comme aujourd’hui, les momies.