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mardi 9 décembre 2014

Toilette et séance d'acupuncture pour Nesyamon


La restauration des momies entre maintenant en phase pratique. Après le conditionnement, après le traitement et le retour à Roanne, l’heure est venue de réparer les outrages du temps. Ici, cela commence par une séance de ménage.

Chasse est faite à la poussière, qui pendant des années et des décennies s’est déposée sur les objets. La poussière est à proscrire pour plusieurs raisons. Tout d’abord, pour des raisons esthétiques. Sans poussière, nous pouvons mieux voir la texture des différentes matières, les couleurs et les traits. Mais pas seulement. Dans la poussière se cachent aussi des insectes morts, des œufs, des larves, autant d’éléments à éliminer. Enfin, la poussière accumulée peut dissimuler des fissures, des soulèvements de la peinture, des zones de fragilité, qui ne pourraient alors pas être traitées.

La poussière doit impérativement être enlevée avant intervention, sinon les produits utilisés pendant la restauration risqueraient de la fixer sur l’objet.


 
Le dépoussiérage sur la momie de Nesyamon produit des effets stupéfiants. Aussitôt, la trame du lin égyptien apparaît devant nous. On voit désormais des différences de couleur liées à l’utilisation de plusieurs textiles, mais aussi, aux produits d’embaumement et de décomposition du corps, qui ont entraîné des variations de couleur.
Avant / après : le dépoussiérage permet de retrouver la texture du lin égyptien
 
Nesyamon figure parmi les momies égyptiennes les mieux traitées depuis le XIXe siècle, directement amenée au musée d’Alexandrie puis achetée par Joseph Déchelette et ramenée à Roanne. Malgré cela, elle a quand même été manipulée, au cours des 130 années de sa deuxième histoire, par différentes personnes, qui ont parfois pris des décisions pour le moins radicales. Pour contenir les bandelettes qui se détachaient, à différentes reprises, des épingles, mais aussi des clous ont été enfoncés dans la momie.
 



La momie de Nesyamon avec tous ses clous oxydés


 
Au fil du temps, les clous se sont oxydés. Ils ont grossi, mais ont aussi apporté de la matière (des produits d’oxydation) sur la momie.



Vue des clous enfoncés dans la momie et oxydés



Véronique de Burhen, restauratrice spécialisée en textile, du laboratoire de restauration des textiles du musée des tissus de Lyon, a ainsi dû retirer, avec force précaution, quelques 40 épingles et clous qui avaient été placés sur la momie à différentes époques. Les trous restent parfois bien visibles sur les bandelettes.




Véronique de Burhen, restauratrice, repère avec une loupe compte-fils les clous sur la momie




 A la fin de cette séance, Nesyamon a changé d'aspect. Mais bien des points restent à reprendre, en particulier pour contenir les bandelettes qui s'effrittent et tombent en morceaux. Suite au prochain épisode





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