La restauration des antiquités égyptiennes continue au musée
Déchelette, cette fois avec les sarcophages. En effet, les momies ont fait
beaucoup parler d’elles, mais elles n’auraient certainement pas été conservées
sans leur sarcophage qui a assuré leur protection pendant toutes ces années. Manipulés
sans attention, infestés d’insectes, entreposés dans des caisses inadaptées, les
sarcophages se trouvaient désormais dans un état
critique. Ce qui explique aujourd’hui une longue entreprise pour les conserver.
Le couvercle de sarcophage de la dame de Tâ-â était sans
doute le plus abîmé de tous. Cette pièce appartient à la Ville d’Aix-les-Bains,
qui en 1991 l’a déposé au musée de Roanne. Le parcours de cette pièce échappe
rapidement à toute enquête. En tous les cas, la cuve et la momie qu’il contenait n’existent plus aujourd’hui. Elles ont probablement été détruites.
Ce sarcophage avait été infesté par les insectes, d’où les
innombrables petits trous, dits trous d’envol, qui se rencontrent sur toute la
surface. Lors de ses manipulations successives et déplacements, des parties du
décor se sont détachées, laissant le bois nu. Le sarcophage a sans doute été exposé
longtemps debout, ce qui expliquerait l’état désastreux du pied : là,
toute la préparation est partie, laissant complètement le bois à nu, et
lui-même très dégradé. Sans doute était-il régulièrement « arrosé »
pendant le ménage. La peinture se décolle et tombe en écaille. C’est un
problème car cela gêne la lecture des hiéroglyphes du sarcophage, et en même
temps, nuit à la beauté du décor.
Vue du couvercle avant le début des opérations de restauration |
A ce rythme, il n’aurait pas résisté encore pendant très
longtemps. Dommage pour un objet d’environ 3000 ans.
Les restauratrices ont donc commencé par coller des tampons
de papier de soie, pour retenir la peinture partout où elle risquait de se
décoller. Impossible, sans cela, de le déplacer jusqu’à Grenoble, où il devait
être traité en même temps que les momies.
Les tampons de papier de soie, servant à maintenir la polychromie sur le bois en attendant le refixage |
Puis, de retour, à commencer la longue phase de consolidation. La restauratrice chargée de cet objet a patiemment resolidarisé la peinture avec le support, grâce à des produits de conservation, neutres et réversibles. Des heures au pinceau fin, pour rattacher toutes les écailles les unes après les autres.
Nous avons fait des découvertes étonnantes : sous la poussière, des zones très vives,
bleu ciel, rouge brique, vert tendre… autant de couleurs en désaccord avec le
sarcophage en entier. Ce n’étaient pas des repeints, comme on aurait pu le
croire, mais une division de la peinture. En effet, la peinture se compose
toujours de pigments (qui font la couleur) et d’un liant (de différentes
natures : colle de peau, œuf, huile, cire… et bien d’autres encore) qui
permet au pigment de s’étaler et d’adhérer au support. Ici, suite à la mauvaise
conservation, le liant est tombé par endroit, laissant un pigment nu,
pulvérulent, directement sur le sarcophage. Nous nous trouvons ainsi avec le
pigment pur, tel que les Egyptiens l’avaient choisi au moment de réaliser le
décor.
le phénomène de division de la peinture, après chute de la partie grasse |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire