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jeudi 16 octobre 2014

Un voyage en première classe

Les momies ont quitté Roanne !


Jeudi 16 octobre, de bonne heure, c’est le grand départ. La société Marchal Technologies, spécialisée dans le transport d’œuvres d’art, se présente au musée Déchelette à 8h30, avec un camion spécialement affrété pour ces dames. Le chargement s’effectue rue Beaulieu, car la cour, pavée, aurait pu causer bien des dommages à des œuvres aussi fragiles.


Par chance, la pluie, qui tombait depuis l’aube, s’arrête juste à temps. C’est donc sous un ciel chargé, mais sans une goutte d’eau que les momies quittent enfin le musée, sous bonne garde. Nesyamon s’y trouvait depuis 130 ans. Une bagatelle par rapport à son âge, mais une belle carrière quand même. Le photographe de la Ville s’est déplacé pour voir partir la plus vieille habitante de Roanne.

Le début du chargement : les sarcophages embarquent en premier
L'une après l'autre, les caisses contenant les 4 momies, les 5 sarcophages, et les nombreuses pièces de la collection égyptienne en bois ou en tissus, elles aussi attaquées par les insectes, sont chargées dans le camion. Les agents du musée participent, car avec le poids de la caisse, il faut manipuler environ 2000 kilos en tout. Comment bien commencer la journée !

La liste de colisage énumère toutes les caisses, et indique leurs dimensions, le contenu et le numéro d’inventaire de chaque œuvre. Ce document est envoyé à l’assureur de la Ville, en cas de dommage pendant le transport. C’est cette même liste que la directrice du musée utilise, lors du départ, et lors de l’arrivée au laboratoire, pour vérifier que toutes les caisses sont bien présentes. 

Le chargement est minutieux. Il faut veiller à la bonne répartition des poids. Ensuite, il faut sangler les caisses pour qu'elles ne puissent pas bouger, mais restent bien horizontales. Heureusement, les transporteurs d'art sont habitués à manipuler des tableaux, des statues, toutes sortes d'oeuvres fragiles, lourdes et précieuses. 


vérification des sangles avant le départ
Quand la valeur historique ou monétaire d’une pièce le nécessite, la conservation du musée convoie personnellement les œuvres. Elle peut ainsi se porter garant, pour l’assurance, que les règles de sécurité seront respectées, que le camion ne sera pas ouvert, déchargé et rechargé, ou amené vers une autre direction. Pour Nesyamon, et ses compagnes, c’est bien sûr le cas. Mais cette procédure se fait aussi pour d’autres œuvres d’art, par exemple des tableaux particulièrement précieux.

Le camion est sur suspensions pneumatiques, de sorte que la caisse ne bouge pas même en cas d’accident sur la chaussée, ou de ralentisseurs. Elle est aussi climatisée, et la pluie, qui recommence à tomber à peine la porte du camion refermée, n’est nullement un problème. Un double système de fermeture se contrôle depuis le poste de conduite. Enfin, une caméra interne permet de vérifier que rien ne bouge pendant le transport.

Le camion quitte Roanne, prend l’autoroute. Heureusement, elle existe car la route de Tarare n’aurait pas été une partie de plaisir avec un tel chargement. Le camion ne dépasse pas les 90 kilomètres / heure. Il faut donc trois heures, plus la pause déjeuner des conducteurs, pour arriver enfin en vue des pré-Alpes. Le laboratoire du CEA de Grenoble nous attend.

Dans l'ensemble, les momies ont été ravies. Elles ont trouvé que les conditions de transport s'étaient nettement améliorées depuis le chemin de fer du XIXe siècle. 


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