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mercredi 27 mai 2015

Une momie sur le ventre



Après toutes ces opérations, et avant de présenter Nesyamon dans sa nouvelle vitrine, il fallait s’assurer que la momie était en bon état.. y compris sur le dos. Or, ce n’est pas une mince affaire de retourner une momie. Plus d’une s’est rompue en morceaux lors d’une telle opération, et pour cette raison, à Roanne, depuis le XIXe siècle, tout le monde avait toujours pris soin de laisser Nesyamon sur le dos. 

Cette opération délicate a été confiée à Laure Cadot, restauratrice du patrimoine, spécialisée en restes humains, qui est appelée dans l’Europe entière pour retourner des momies. En effet, elle a mis au point un protocole pour cet usage précis. Un coussin composé d’air et de petites billes de polyester a été donc plaqué sur elle, de la tête au pied, puis vidé de son air, à l’aspirateur. De cette manière, le coussin enveloppait la momie en suivant ses formes, et garantissait un soutien homogène sur toutes ses parties. Ensuite, les agents du musée ont pu retourner la momie exactement comme s’il s’agissait d’une sculpture. 



Moment de tension, quand même au musée, qui a abouti à une très belle surprise : non seulement Nesyamon était en bon état, mais nous avons eu la confirmation de ce que nous supposions depuis longtemps. Les bandes qui la recouvrent sur le dessus ne sont en rien les originales. Ce sont des bandes du XIXe siècle, qui ont été rajoutées soit en Egypte avant la vente, soit lors de son arrivée à Roanne. Les archives n’en disent rien, bien sûr. Mais les bandes du dessus, beaucoup plus larges que les autres, s’arrêtent toutes sur son côté. Les hommes qui les ont mises ont préféré eux aussi ne pas retourner Nesyamon ! Et donc, cela s’est passé probablement à Roanne, car en Egypte, les vendeurs de momie n’avaient certes pas de tels scrupules. 

Sur le dos de Nesyamon, en revanche, nous pouvons voir les bandelettes originelles, celles dont les Egyptiens recouvraient leurs morts. Déjà, elles sont beaucoup plus étroites que les autres. Le laçage, surtout, n’a rien à voir. Les bandelettes sont minutieusement entrecroisées, dans un ensemble évoquant à la fois le pavement et la broderie. Assurément de l’artisanat très soigné pour cette époque.








Une fois quelques photographies « souvenirs » réalisées, Nesyamon a été, de la même manière, remise sur le dos, non sans un changement. Une fine épaisseur de Mélinex a été intercalée entre elle et son support. Ce matériau neutre sert en effet à retenir les gaz qui pourraient être dégagés des supports qui l’entourent. Ainsi, la momie ne risque pas d’être attaquée dans le dos. Vu le parfait état de conservation de son dos, effectivement, ce serait dommage.

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