Après toutes ces opérations, et avant de présenter Nesyamon
dans sa nouvelle vitrine, il fallait s’assurer que la momie était en bon état..
y compris sur le dos. Or, ce n’est pas une mince affaire de retourner une
momie. Plus d’une s’est rompue en morceaux lors d’une telle opération, et pour
cette raison, à Roanne, depuis le XIXe siècle, tout le monde avait toujours
pris soin de laisser Nesyamon sur le dos.
Cette opération délicate a été confiée à Laure Cadot,
restauratrice du patrimoine, spécialisée en restes humains, qui est appelée
dans l’Europe entière pour retourner des momies. En effet, elle a mis au point
un protocole pour cet usage précis. Un coussin composé d’air et de petites
billes de polyester a été donc plaqué sur elle, de la tête au pied, puis vidé
de son air, à l’aspirateur. De cette manière, le coussin enveloppait la momie
en suivant ses formes, et garantissait un soutien homogène sur toutes ses
parties. Ensuite, les agents du musée ont pu retourner la momie exactement
comme s’il s’agissait d’une sculpture.
Moment de tension, quand même au musée, qui a abouti à une
très belle surprise : non seulement Nesyamon était en bon état, mais nous
avons eu la confirmation de ce que nous supposions depuis longtemps. Les bandes
qui la recouvrent sur le dessus ne sont en rien les originales. Ce sont des bandes
du XIXe siècle, qui ont été rajoutées soit en Egypte avant la vente, soit lors
de son arrivée à Roanne. Les archives n’en disent rien, bien sûr. Mais les
bandes du dessus, beaucoup plus larges que les autres, s’arrêtent toutes sur
son côté. Les hommes qui les ont mises ont préféré eux aussi ne pas retourner
Nesyamon ! Et donc, cela s’est passé probablement à Roanne, car en Egypte,
les vendeurs de momie n’avaient certes pas de tels scrupules.
Sur le dos de Nesyamon, en revanche, nous pouvons voir les
bandelettes originelles, celles dont les Egyptiens recouvraient leurs morts.
Déjà, elles sont beaucoup plus étroites que les autres. Le laçage, surtout, n’a
rien à voir. Les bandelettes sont minutieusement entrecroisées, dans un
ensemble évoquant à la fois le pavement et la broderie. Assurément de
l’artisanat très soigné pour cette époque.
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