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vendredi 3 juillet 2015

Les momies sont enfin là !

Après trois ans de travail et de préparation, les momies sont enfin de retour. Depuis le 20 juin, Nesyamon, Nesy-Khonsou, Tjesisetperet et leur compagne vous attendent au musée Joseph-Déchelette... chacune à sa manière.




Ouvert tous les jours sauf les mardis
En semaine de 10 à 12 heures et de 14 à 18 heures
Le samedi de 10 à 18 heures, le dimanche de 14 à 18 heures
Ouvert le 14 juillet et le 15 août de 10 à 18 heures.
Entrée 4€60 - tarif réduit et gratuité sur présentation de justificatifs 

et pour célébrer le retour des momies, des événements sont organisés au musée pendant toute la durée de l'exposition. Regardez, il y en a certainement un qui vous intéresse. 

LManifestations tout public.
Les 20 et 21 juin : Journées nationales de l’Archéologie et Fête de la Musique, « La musique dans l’Egypte ancienne d’après l’archéologie ». Animations gratuites, entrée payante.
Les 19 et 20 septembre de 10h à 18h : Journées européennes du Patrimoine. Entrée libre pour l’exposition, les collections permanentes et les animations. Atelier pour les enfants à partir de 3 ans. Ateliers pour tous sur le thème des plantes utilisées par les Egyptiens anciens.
7 octobre 9h-12h30 et 13h30-18h : au Village de la Science « l’étude des momies grâce aux techniques modernes ». IUT de Roanne. Entrée libre.
8 octobre à partir de 19h : dans le cadre du festival Roanne Table ouverte, airs d’opéra sur l’Egypte par Florence Blanchard, accompagnée à la harpe de Marie-Laure Vernisse. Apéritif dînatoire par la Cuisine des Mélanges. 45 € par personne. Inscriptions au musée.
20 octobre de 10h à 18h : expérience de brassage de bière, boisson préférée des Egyptiens par « Les Cuves de La Madeleine ». Ateliers pour la clôture de l’exposition. Animations gratuites, musée payant.

Pour les enfants…
Ateliers vacances sur l’Egypte, 2 sessions selon les âges (7-9 ans et 10-15 ans), en juillet, en août et aux vacances de la Toussaint. 27 € pour 2 jours et 16 € pour 1 journée, par enfant.
8 juillet de 14h à 16h30 : atelier masques et goûter égyptien à partir de 4 ans. 8 € par personne.
30 septembre de 14h à 16h30 : goûter « les desserts de l’Egypte ancienne » dans le cadre du festival Roanne Table ouverte, à partir de 6 ans. 8 € par personne.
… et les adultes
Une journée consacrée à l’Egypte, ses dieux, ses rituels de momification et son écriture, les 4 juillet, 29 août et 19 octobre de 10h à 12h et de 14h à 17h. 40 € par personne.
Initiation aux hiéroglyphes les 19 et 20 septembre, ainsi que le 20 octobre de 10h à 12h30.
Des ateliers enfants et adultes sont développés sur d’autres thèmes et à d’autres dates. Renseignements au 04 77 23 68 77 ou musee@mairie-roanne.fr.
 

vendredi 29 mai 2015

Nesyamon met sa robe de soie




 C’est un grand jour, aujourd’hui, pour Nesyamon. Tandis que tout est terminé pour les trois autres momies, qui attendent dans leur caisse d’être mises en vitrine, la momie de Roanne a droit à un traitement particulier, qui commence ce matin.


Depuis son arrivée en France, en 1893, Nesyamon pose souci car des bandelettes se décollent. Celles-ci ont été maintenues par des moyens variés : de la colle, des clous, des épingles, voire d’autres bandelettes rajoutées sur les siennes pour les maintenir.


Tous ces corps étrangers ont été bien sûr enlevés, pour retrouver l’aspect original de la momie et aussi pour limiter des problèmes de rouille et de corrosion. Ils ont été éventuellement remplacé par des piques en inox, qui ne se dégraderont jamais (voir article « toilettage et séance d’acupuncture pour Nesyamon »).


Mais le clou de la restauration était encore à venir. Aujourd’hui, Véronique de Burhen, restauratrice tissus de l’Atelier de restauration du musée des Tissus de Lyon est arrivée de bonne heure au musée Déchelette car un gros travail l’attend. Elle entoure Nesyamon dans un voile de soie très fin, une crêpeline, qui a été teinte à sa couleur. Cette soie est ensuite plaquée le plus près possible de la momie, puis cousue à point très fin, de manière à devenir pratiquement invisible.




Véronique de Burhen coud uniquement la soie, elle ne touche pas à la momie. Ainsi, la crêpeline de soie vient retenir comme une housse invisible les bandelettes, mais ne constitue pas d’intervention sur la momie elle-même. Ce type de pratique, dit non intrusive, sont les fers de lance de la restauration du patrimoine, aujourd’hui, en garantissant à l’ensemble patrimonial un état inchangé avant et après la restauration.

Un travail long et minutieux, qui constitue le quotidien de Véronique de Burhen. Les restaurateurs en textile, en effet, interviennent sur des objets très variés mais toujours extrêmement fragiles. Par exemple, les fragments de tissus archéologiques, les somptueux vêtements de cour des siècles passés, les vêtements d’opéras ou de théâtre mais aussi les uniformes des dernières guerres, les drapeaux historiques et parfois, comme aujourd’hui, les momies.

mercredi 27 mai 2015

Une momie sur le ventre



Après toutes ces opérations, et avant de présenter Nesyamon dans sa nouvelle vitrine, il fallait s’assurer que la momie était en bon état.. y compris sur le dos. Or, ce n’est pas une mince affaire de retourner une momie. Plus d’une s’est rompue en morceaux lors d’une telle opération, et pour cette raison, à Roanne, depuis le XIXe siècle, tout le monde avait toujours pris soin de laisser Nesyamon sur le dos. 

Cette opération délicate a été confiée à Laure Cadot, restauratrice du patrimoine, spécialisée en restes humains, qui est appelée dans l’Europe entière pour retourner des momies. En effet, elle a mis au point un protocole pour cet usage précis. Un coussin composé d’air et de petites billes de polyester a été donc plaqué sur elle, de la tête au pied, puis vidé de son air, à l’aspirateur. De cette manière, le coussin enveloppait la momie en suivant ses formes, et garantissait un soutien homogène sur toutes ses parties. Ensuite, les agents du musée ont pu retourner la momie exactement comme s’il s’agissait d’une sculpture. 



Moment de tension, quand même au musée, qui a abouti à une très belle surprise : non seulement Nesyamon était en bon état, mais nous avons eu la confirmation de ce que nous supposions depuis longtemps. Les bandes qui la recouvrent sur le dessus ne sont en rien les originales. Ce sont des bandes du XIXe siècle, qui ont été rajoutées soit en Egypte avant la vente, soit lors de son arrivée à Roanne. Les archives n’en disent rien, bien sûr. Mais les bandes du dessus, beaucoup plus larges que les autres, s’arrêtent toutes sur son côté. Les hommes qui les ont mises ont préféré eux aussi ne pas retourner Nesyamon ! Et donc, cela s’est passé probablement à Roanne, car en Egypte, les vendeurs de momie n’avaient certes pas de tels scrupules. 

Sur le dos de Nesyamon, en revanche, nous pouvons voir les bandelettes originelles, celles dont les Egyptiens recouvraient leurs morts. Déjà, elles sont beaucoup plus étroites que les autres. Le laçage, surtout, n’a rien à voir. Les bandelettes sont minutieusement entrecroisées, dans un ensemble évoquant à la fois le pavement et la broderie. Assurément de l’artisanat très soigné pour cette époque.








Une fois quelques photographies « souvenirs » réalisées, Nesyamon a été, de la même manière, remise sur le dos, non sans un changement. Une fine épaisseur de Mélinex a été intercalée entre elle et son support. Ce matériau neutre sert en effet à retenir les gaz qui pourraient être dégagés des supports qui l’entourent. Ainsi, la momie ne risque pas d’être attaquée dans le dos. Vu le parfait état de conservation de son dos, effectivement, ce serait dommage.

vendredi 22 mai 2015

Une pyramide au musée

Ceux qui sont passés récemment rue Anatole France auront certainement noté une présence nouvelle dans la cour : depuis samedi dernier, le musée Joseph-Déchelette accueille en effet une pyramide.

Tout est parti de la remarque d'un enfant, en atelier d'Egypte : celui-ci s'inquiétait de savoir où les momies devaient dormir, puisqu'il n'y avait pas de pyramide à Roanne. La vérité sortant de la bouche des enfants, la construction d'une pyramide a donc été décidée. Celle-ci a été organisée lors de la Nuit des musées, samedi 16 mai. Une structure de bois avait été préalablement préparée, toutes les pierres également sciées pour s'emboîter parfaitement. Tous les visiteurs du musée, tant adultes qu'enfants, encadrés par les agents du musée, ont alors pu poser leur pierre et participer ainsi à la construction de la pyramide.





Pendant ce temps, les animatrices renseignaient les visiteurs sur les méthodes de construction et les utilisations des pyramides... ou tentaient de le faire, car malgré d'innombrables études, ces bâtiments d'un ancien temps conservent une bonne part de leur mystère.

Pierre après pierre, la pyramide s'est élevée toute la soirée, recevant les contributions de plus de 250 visiteurs. Au total un sur deux, puisque pour la Nuit des Musées, le musée Joseph-Déchelette a accueilli 512 visiteurs. Une belle année. Nous remercions donc tous nos visiteurs, tant fidèles que nouveaux venus.

La pyramide est maintenant terminée, elle restera en place jusqu'à la fin de l'exposition Quatre momies et demie, en octobre 2015.

samedi 16 mai 2015

Le lit des momies

Au musée Joseph Déchelette, la restauration des antiquités égyptiennes se poursuit, avant l'ouverture de l'exposition temporaire "Quatre momies et demie" le 20 juin 2015. 

L'heure est maintenant à la présentation au public. Les momies retrouveront enfin leur sarcophage. Leur lit doit donc s'adapter au sarcophage, ne pas l'abîmer, bien sûr, mais aussi permettre de manipuler sans risque la momie et répondre aux exigences de la conservation préventive.

Un plateau en nid d'abeille aluminium, de la forme des momies, a donc été découpé pour servir de support de base.

Il faut ensuite rembourrer cette plaque. Nous n'utilisons que des fibres synthétiques, qui, à la différence du lin ou du coton, ne sont guère appréciées par les petits insectes. Les momies reposeront d'abord sur deux couches de ouate de polyester, qui pourra mieux que la mousse s'adapter à leur morphologie. Ce matériau, tout le monde le connaît bien, c'est celui qui sert à confectionner nos couettes. Les momies auront le privilège d'en avoir double épaisseur. Il faut bien cela pour ces dames de l'Ancienne Egypte. 


S'est posé ensuite le choix du tissu extérieur. Encore une fois, polyester obligatoire, sans ajout pour éviter tout dégagement de COV (composé organique volant).

En matière d'imprimé, il y a beaucoup de choix.

mais les coloris n'ont pas plu aux momies : les modes ont changé depuis l'Egypte antique. 

Elles ont donc préféré des coloris plus neutres, mais toujours assortis à leurs bandelettes. Un ton sur ton des plus harmonieux. 

Nesyamon et Tjesisetperet sont tombées d'accord sur le même beige, qui s'adaptait parfaitement à leur teinte. 


 Nesy-Khonsou a choisi pour sa part un coloris un peu plus soutenu. Ses bandelettes, en effet, rappellent le sable de l'Egypte, et elle voulait rester en harmonie.


 Enfin, la momie dAix les Bains a eu un traitement de faveur. Comme elle est bitumée, ses bandelettes sont noires. Elle a donc élu un polyester gris sombre, mais mat, bien sûr.


Toutes ces dames ont ainsi pu être satisfaites. Et commence maintenant l'autre opération, recouvrir les plaques d'aluminium par la ouate de polyester puis par le polyester, avant de pouvoir, enfin, y déposer la momie. Affaire à suivre.

vendredi 30 janvier 2015

Les momies à Hollywood

Ou presque...

les momies ont reçu hier les honneurs de la télévision. Le sourire de la momie a charmé tout le monde. Retrouvez l'émission en suivant ce link

http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/2015/01/28/roanne-le-retour-des-momies-dans-les-reserves-du-musee-dechelette-642397.html

attention, une petite erreur s'est glissée dans les propos du journaliste. Saurez-vous la retrouver ?

jeudi 29 janvier 2015

Sauvetage d'un sarcophage


La restauration des antiquités égyptiennes continue au musée Déchelette, cette fois avec les sarcophages. En effet, les momies ont fait beaucoup parler d’elles, mais elles n’auraient certainement pas été conservées sans leur sarcophage qui a assuré leur protection pendant toutes ces années. Manipulés sans attention, infestés d’insectes, entreposés dans des caisses inadaptées, les sarcophages  se trouvaient désormais dans un état critique. Ce qui explique aujourd’hui une longue entreprise pour les conserver.


Le couvercle de sarcophage de la dame de Tâ-â était sans doute le plus abîmé de tous. Cette pièce appartient à la Ville d’Aix-les-Bains, qui en 1991 l’a déposé au musée de Roanne. Le parcours de cette pièce échappe rapidement à toute enquête. En tous les cas, la cuve et la momie qu’il contenait n’existent plus aujourd’hui. Elles ont probablement été détruites.


Ce sarcophage avait été infesté par les insectes, d’où les innombrables petits trous, dits trous d’envol, qui se rencontrent sur toute la surface. Lors de ses manipulations successives et déplacements, des parties du décor se sont détachées, laissant le bois nu. Le sarcophage a sans doute été exposé longtemps debout, ce qui expliquerait l’état désastreux du pied : là, toute la préparation est partie, laissant complètement le bois à nu, et lui-même très dégradé. Sans doute était-il régulièrement « arrosé » pendant le ménage. La peinture se décolle et tombe en écaille. C’est un problème car cela gêne la lecture des hiéroglyphes du sarcophage, et en même temps, nuit à la beauté du décor.


Vue du couvercle avant le début des opérations de restauration


A ce rythme, il n’aurait pas résisté encore pendant très longtemps. Dommage pour un objet d’environ 3000 ans.


Les restauratrices ont donc commencé par coller des tampons de papier de soie, pour retenir la peinture partout où elle risquait de se décoller. Impossible, sans cela, de le déplacer jusqu’à Grenoble, où il devait être traité en même temps que les momies.


Les tampons de papier de soie, servant à maintenir la polychromie sur le bois en attendant le refixage



Puis, de retour, à commencer la longue phase de consolidation. La restauratrice chargée de cet objet a patiemment resolidarisé la peinture avec le support, grâce à des produits de conservation, neutres et réversibles. Des heures au pinceau fin, pour rattacher toutes les écailles les unes après les autres.


Nous avons fait des découvertes étonnantes : sous la poussière, des zones très vives, bleu ciel, rouge brique, vert tendre… autant de couleurs en désaccord avec le sarcophage en entier. Ce n’étaient pas des repeints, comme on aurait pu le croire, mais une division de la peinture. En effet, la peinture se compose toujours de pigments (qui font la couleur) et d’un liant (de différentes natures : colle de peau, œuf, huile, cire… et bien d’autres encore) qui permet au pigment de s’étaler et d’adhérer au support. Ici, suite à la mauvaise conservation, le liant est tombé par endroit, laissant un pigment nu, pulvérulent, directement sur le sarcophage. Nous nous trouvons ainsi avec le pigment pur, tel que les Egyptiens l’avaient choisi au moment de réaliser le décor.
le phénomène de division de la peinture, après chute de la partie grasse