Je suis la plus célèbre des quatre momies de Roanne. Dès que les gens me voient, ils oublient les trois autres, et aussi, souvent, les autres momies qu'ils ont vu avant moi. Enfin, ce n'est pas pour autant que les gens se rappellent de mon nom.
Je suis habituée à cela. J’ai été présentée pendant exactement cent ans au musée Ochier, à Cluny, et j’ai terrorisé tous les enfants de la ville pendant un siècle. Des adultes, aussi, même s’ils ne veulent pas le reconnaître. Quand on me voit, on comprend vraiment ce que signifie une momie.
Au musée Déchelette, les autres momies sont parfois un peu jalouses. Elles aimeraient bien, elles aussi, que l'on se rappelle d'elles. Enfin, sauf Nesyamon, qui elle, préfère intriguer les enfants et les faire rêver que leur faire peur. Chacun sa spécialité.
Je suis habituée à cela. J’ai été présentée pendant exactement cent ans au musée Ochier, à Cluny, et j’ai terrorisé tous les enfants de la ville pendant un siècle. Des adultes, aussi, même s’ils ne veulent pas le reconnaître. Quand on me voit, on comprend vraiment ce que signifie une momie.
Au musée Déchelette, les autres momies sont parfois un peu jalouses. Elles aimeraient bien, elles aussi, que l'on se rappelle d'elles. Enfin, sauf Nesyamon, qui elle, préfère intriguer les enfants et les faire rêver que leur faire peur. Chacun sa spécialité.
Je ne partage guère les avis de Nesyamon, ni à propos des enfants, ni au sujet de notre histoire. Moi, je préférais nettement mon tombeau. Il faut dire qu’il avait tout le confort : ma famille y avait veillé, car nous étions des gens bien nés. Il était situé à quelques kilomètres de Thèbes, que les hommes d’aujourd’hui appellent Louxor. Comme de nombreuses momies y arrivaient, il a été plein rapidement, il y a environ 2 800 ans, puis fermé. Et sans un égyptologue nommé Maspéro, nous y serions encore.
Mais voilà, à cette époque, la mode pour les momies se développait fort, et pour honorer des visiteurs, parfois, on leur faisait cadeau d'une momie. Ce fut mon sort : je fus offerte comme cadeau diplomatique à un industriel, nommé Pierre Grand. Franchement ! Bien sûr, personne ne m'a demandé mon avis.
Dès le début, nous ne nous sommes pas bien entendus. Il m’a laissée prendre le paquebot et le chemin de fer seule, mais en plus, il a cloué le sarcophage pour que personne ne risque de l’ouvrir en son absence. Les trous se voient encore.
Le voyage fut interminable. J’ai débarqué à Marseille en plein mois de juillet, et je suis restée dans un entrepôt, au milieu des caisses de marchandises, en attendant qu’on veuille bien me mettre dans un train. Beaucoup croient que les momies égyptiennes sont résistantes à la chaleur, mais c’est faux. Je supportais la chaleur quand j’étais une femme, bien sûr, mais maintenant, c’est au contraire très dangereux pour moi. Et après avoir passé 2 700 ans en Egypte, je ne souhaite pas que la France ait raison de moi !
Le pire
était encore à venir. Pierre Grand avait envoyé une lettre à son oncle pour qu’il
vienne me réceptionner à la gare de Cluny. Mais lui n’était pas là. Quand les
deux hommes se sont enfin rejoints, ils ont eu l’idée de couper mes bandelettes
pour voir un peu à quoi je ressemblais. Et je peux vous dire qu’ils n’y sont
pas allés en douceur. Ils ont utilisé la scie et le scalpel. Ils cherchaient
des amulettes, bien sûr, mais ils n’en ont pas trouvées. A mon époque, ce n'était carrément plus la mode! Par contre, les résultats sont bien là. Enfin, vous pouvez le voir
vous-même. Ils m’ont ouvert le ventre, cassé des côtes, cassé la mâchoire,
cassé des dents. Je suis aujourd’hui ce que vous appelez une
« gueule-cassée ». Et dans mon cas, c’est loin d’être exagéré.
Alors, du
coup, je me suis vengée de la seule façon possible. Pierre Grand s'est empressé de me donner au musée de sa ville, à Cluny, parce que notre cohabitation était difficile, mais cela n'a rien résolu. Je lui ai filé des cauchemars jusqu'à sa mort. C'est bien la moindre des choses, quand même. En même temps, je m'amusais aussi les enfants, les parents, les
professeurs qui venaient au musée… ça marche, vraiment bien. Même l’équipe du musée, tenez ! Il y a eu plus d'un agent qui refusait de venir balayer autour de ma vitrine. Sans parler de ceux qui ne voulaient pas traverser la salle. A un moment, ils ont mis un rideau devant moi. Puis ils m'ont aussi descendue à la cave. Là, je m'amusais moins, mais en même temps, ils oubliaient aussi ma présence, ce qui me permettait de faire encore plus d'effet quand un explorateur s'aventurait de mon côté...
En 1991, le musée de Roanne leur a demandé d’obtenir mon sarcophage en dépôt, pour le présenter dans une exposition. Mon sarcophage, uniquement. Mais comme à Cluny, ils étaient fatigués de mes plaisanteries, ils m’ont envoyée en même temps. Sans le prévenir, bien sûr... Je ne vous raconte pas de la tête du régisseur de Roanne quand il m’a découverte dans mon sarcophage. J’en ris encore.
En 1991, le musée de Roanne leur a demandé d’obtenir mon sarcophage en dépôt, pour le présenter dans une exposition. Mon sarcophage, uniquement. Mais comme à Cluny, ils étaient fatigués de mes plaisanteries, ils m’ont envoyée en même temps. Sans le prévenir, bien sûr... Je ne vous raconte pas de la tête du régisseur de Roanne quand il m’a découverte dans mon sarcophage. J’en ris encore.
A Roanne, j'étais été mise en réserve, mais régulièrement, quelqu'un ouvrait la caisse pour voir si j'étais à la hauteur de la légende. J'ai toujours fait face. Et là, il paraît que je vais bientôt ressortir. L'équipe du musée a des projets pour moi. Du coup, je leur ai soufflé une petite idée, et visiblement, ça va se faire. Si c'est le cas, on va rigoler, je vous assure.
Vous vous croyez au-dessus de cela ? Vous pensez que cela ne vous fait pas peur ? Venez me voir, et ensuite, vous jugerez. J’ai entendu parler des films d’horreur, des jeux video. Mais moi, ça me fait doucement rigoler.
Vous vous croyez au-dessus de cela ? Vous pensez que cela ne vous fait pas peur ? Venez me voir, et ensuite, vous jugerez. J’ai entendu parler des films d’horreur, des jeux video. Mais moi, ça me fait doucement rigoler.
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